Rebond prudent des maïs, blé et soja sur les marchés mondiaux
Les prix des céréales et graines oléagineuses étaient en hausse modérée ces derniers jours sur les marchés agricoles, soutenus par la fermeté des cours aux États-Unis en dépit d'une offre potentiellement très abondante.
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Après des semaines indécises voire de repli, le frémissement des cours, dans le vert de la Bourse de Chicago au marché européen, était notable : les cours du blé (5,33 dollars le boisseau, soit 27 kg), du maïs (4,29 dollars le boisseau, soit 25,4 kg) et du soja (10,49 dollars le boisseau, soit 27 kg) ont tous clôturé en hausse mardi soir.
Même mouvement sur Euronext, tant pour les céréales que pour le colza : la graine oléagineuse s'échangeant mercredi autour de 471 euros la tonne, son niveau de la fin août.
« Lourdeur fondamentale »
Les observateurs constatent néanmoins deux ambiances différentes de part et d'autre de l'Atlantique. « Aux États-Unis, la perspective d'une baisse des taux de la réserve fédérale et la baisse du dollar stimulent les prix à Chicago », indique Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
Il en veut pour preuve le fait que le marché ait « bien encaissé la hausse surprise de la production (américaine) de maïs annoncées vendredi » par le ministère américain de l'Agriculture (USDA) dans son dernier rapport mensuel sur les stocks et productions, dit « Wasde ».
« Le maïs se tient beaucoup mieux que ne laisserait penser une récolte désormais estimée à 427 millions de tonnes - un record absolu -, aidé par une performance colossale à l'export avant récolte, avec toutes les semaines des ventes américaine situées entre 1,5 et 2 millions de tonnes », a-t-il souligné.
Toutefois, Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors, appelle à la prudence, alors que l'USDA a relevé ses prévisions d'exportation du grain jaune : « C'est un peu prématuré, car nous n'en sommes qu'au début de la nouvelle campagne ».
Les cours du maïs américain trouvent aussi quelque soutien dans des doutes sur les rendements après des semaines sèches dans la Corn Belt et du fait de maladies (rouille) dans certains zones.
« Il s'agit d'un rebond à court terme, la récolte se poursuit, ce qui augmentera les stocks, mais pour l'instant, la pression n'est pas trop ressentie par le marché », estime Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group.
Au plan global, l'USDA a en revanche abaissé ses prévisions de production mondiale de maïs du fait d'une contraction en Europe, où « les grands pays producteurs, notamment la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie, souffrent des étés caniculaires à répétition », rappelle Sébastien Poncelet.
Concernant le blé européen, la situation est partagée : « On a d'un côté une lourdeur fondamentale, avec la poursuite des récoltes en Russie et des échos de rendement exceptionnellement favorables sur les zones de moisson tardive comme la Sibérie; un marché export qui reste poussif; un euro fort qui pénalise la compétitivité des blés », énumère M. Poncelet.
A cela s'ajoute une « récolte monstrueuse attendue en Australie » et en France, la révision en légère hausse des prévisions de récolte de blé tendre, à 33,3 millions de tonnes.
Pour autant, « on a un blé sur Euronext qui est soutenu par la fermeté observée à Chicago » et « par la rétention pratiquée par les agriculteurs », qui ne veulent pas vendre leur blé aux faibles prix actuels, a-t-il expliqué.
« Attentisme »
Du côté des oléagineux, et notamment du soja, « le marché est en hausse » car les opérateurs s'attendent à ce que « les négociations se poursuivent entre la Chine et les Etats-Unis », affirme Dewey Strickler.
L'absence d'accord commercial entre Washington et Pékin pèse sur les cours depuis plusieurs mois, surtout sur le soja, Pékin étant le plus grand importateur mondial de la graine oléagineuse, largement valorisée en agrocarburant. Pour le moment, la Chine continue d'acheter au Brésil, exportateur majeur.
Et, contrairement aux années précédentes, et alors que la moisson américaine de soja va débuter, aucune vente à l'export n'a été annoncée sur la nouvelle campagne, relève Sébastien Poncelet.
Pour lui, le maintien des prix témoigne d'une « forme d'attentisme » car « le soja pourrait être plus cher que ça s'il y avait des affaires avec la Chine et moins cher s'il n'y en a pas du tout ».
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